Toulouse : les sanctuaires Andorrans

Le 18/10/2018 à 21:12

Dans Régions

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Ce week-end automnal en Andorre allait faire tomber pas mal d'idées reçues à défaut de motos.

A l'heure fixée du rendez-vous soit 8h15, ce samedi tout le monde était déjà là, botté, casqué, le café avalé.

Deux équipages qui s'étaient faits connaître au préalable par voie postale ne mirent pas longtemps à faire les présentations et à disparaître jusqu'à la soirée étape par la voie rapide. Sans doute étions nous trop sages pour eux. Les moteurs boxer eurent à peine le temps d'atteindre leur température optimale et nous étions  au pied de l'église rupestre de Vals en Ariège.

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On dit que les motards ne fréquentent pas les églises et que seules les motos s'y font baptiser, c'est exagéré car nous nous indignâmes en choeur de ne pas avoir visité plus tôt celle-ci. Où l'on entre par une faille dans le roc, où la foi ressemble à un bastion à conquérir

Un peu comme ce village où l'on était arrivé cavalièrement par un sens unique sauf pour les riverains nous firent remarquer certains habitants le sourcil froncé.
Ce ne sera pas le dernier de l’itinéraire choisi, car ils réservent souvent la surprise d'une scène de théâtre vue depuis les coulisses.


Nos deux amis Thierry et Mathieu, eux avaient sagement attaché leurs magnifiques montures GSA 1200 et GS 800 aux postérieurs marqués du 74, devant un café et nous attendaient attablés et charmés par la douceur de cette vallée ensoleillée de l'Hers et de leur hôtesse.


Le deuxième site sacré de la journée offrit plus de résistance à nos moteurs mugissants dans les chemins remontant l'Arnave et sur la route étroite de la  corniche qui domine la vallée de l'Ariège, qu'elle passe sous le téléphérique acheminant au fond de la vallée le talc à Luzenac, ou qu'elle vire à angle droit devant le vide.

Le plaisir ou le soulagement n'en fut que mieux partagé lors de l'arrêt devant l'église d'Axiat ou à l'arrivée à la terrasse du Breilh à Ax-les-Thermes.
Nous n'oubliâmes pas de prendre la rue voisine à sens unique sauf pour les riverains que nous allions devenir bien sûr le temps du déjeuner.

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On dit que l'Andorre on y va que pour faire du ski.
Nous nous y allions pour faire la route, pour y découvrir des paysages montés en épingles à cheveux, des habitants doués pour un art culinaire frugal, des guides culturels du beau sexe et des alcools détaxés.
Le Port d'Envalira ( 2408 m ) fut atteint d'un trait bien effacé par endroit sur la route, ce qui nous incita souvent à changer de voie quand une caravane de véhicules nous bouchait la vue du col.

 

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Car sur l'autre versant se trouvait notre galerie de l'Escurial à nous : le musée de la moto de Canillo.

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On dit qu'il n'y pas de culture moto seulement des hispsters.
Les assemblages mécaniques que nous admirâmes , depuis les premiers moteurs à vapeurs montés sur des cadres de bicyclettes jusqu'aux plus excentriques motos anglaises le panier de pique nique en rotin en guise de top case, nous montrent toute l'étendue de cette méprise.
L'église de Sant Joan de Canelles(photo 8), le belvédère du Roc del Quer et sa sculpture , le village d'Ordino  où se trouve la demeure-musée construite au XVIIème  de Guillem d' Areny-Plandollit unique aristocrate d'Andorre: que de merveilles prises en photo par Jean, dans ce pays qui passa de 5000 à 70000 habitants, sans classe sociale, sans une guerre, sans un conflit avec ses voisins, d'où l'expression locale " faire l'andorran" qui veut dire faire l'idiot pour éviter de prendre parti pour l'un ou l'autre.
Dans cette maison on apprit aussi que la taxidermie pouvait mener à la gynécologie et à la dentisterie, et que si l'on ne mourrait pas dans l'incendie de sa propre demeure en laissant par inadvertance le moine sous l'édredon, les braises déborder du brasero ou bien l'acétylène bruler sous la chaudière de la baignoire, on mourrait comme la première femme de Guillem, clld qui lui conféra la particule, la baronne de Senaller, au si beau portrait peint dans son salon de musique, d'une balle de révolver tirée par son amant répudié, en pleine exécution du Trouvère de Verdi au Théâtre barcelonais du Liceu en 1855.

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On dit que les andorrans ne vécurent que de contrebande c'est oublier un peu vite qu'ils cultivent tous du tabac de père en fils et fille, pour pouvoir bénéficier du droit d'importer les cigarettes mais pas que puisque rien ne pousse d'autre ici, à part les immeubles de location.
Et qu'ils durent choisir entre l'Armagnac et l'alcool à brûler pour les besoins du chauffage lorsque l'hiver les isolait du reste du monde.
Les plus résistants à la fatigue d'entre nous firent l'expérience de cette confusion possible au bar de l'hôtel tard le soir et c'est Cécile qui se montra la plus étanche.

Le lendemain dimanche nos évitâmes la messe mais pas les derniers sanctuaires andorrans de notre programme : l'église de Pal et son centre d'interprétation roman , la principale rue commerçante du pays: la Carrer Carlemany, le sanctuaire de la Vierge de Meritxell reconstruit après l'incendie de 1972 par l'architecte Bofill , les stations-service entre le Port d'Envalira et le Pas de la Case .
Certains d'entre nous se firent de belle frayeurs dans cette descente, luisante du trop plein des réservoirs des véhicules qui l'empruntaient.
Puis on retrouvait la France,  nos douaniers chers à Fernand Raynaud et nos "routes nationales "de montagne dans un piteux état.

 

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On dit que l'Andorre c'est inaccessible, qu'il y neige, que c'est isolé alors que les toulousains y vont chaque semaine acheter leur sucre en prenant les bus Macron à Matabiau car Macron Andorre la vieille c'est bien connu.
Notre groupe s'égaya ensuite, les mauvais augures des applis météo et les nuées nous chassèrent du paradis fiscal vers notre vallée de Garonne  et pour nos amis savoyards vers le haut Languedoc et la Montagne Noire.
Ils devaient subir le lundi un déluge d'eau sur des routes transformées en gué, et des pièges à chaque coin de rue dont certains mortels.  

Ce trop long récit est dédié aux villages audois dans la peine, à Josiane et Isabelle qui n'ont pu se joindre à nous, à Gilles et Cécile qui ont du nous quitter dimanche.

Aux dernières nouvelles tout le monde est prêt à repartir et nos savoyard sont arrivés sains et sauf malgré quelques chutes: Thierry regarde de nouveau comment roulent les trams de Genève et Mathieu cajole ses semis d'automne…
bientôt du tabac en Haute Savoie?

 

Thibaud Cartery

toulouse@bmwmcf.com